Dis, Maria...


« Dis, Maria, pourquoi n’aimes-tu pas aller chez le coiffeur ? »

C’était un Samedi. Les 17 heures sonnèrent, je rangeai mes affaires, enfilai mon chapeau et sortis, laissant le vent claquer la porte derrière moi. Je jetai un dernier coup d’œil a la boutique de savon ou l’on me paye que des sous, et me tournai vers la mauvaise direction, à gauche, parce que je ne retournais pas chez moi. Il pleuvait. La rue 48 n’est longue que de 50 mètres, mais c’était la rue la plus importante du quartier. Elle comprend plusieurs étages de boutiques, avec des escaliers extérieurs métalliques pour atteindre les plus hauts. C’est là où travaillent la majorité du monde d’ici, et là ou est dépensé le trois-quarts de leur salaire. Je ne suis pas une exception à cette règle. Le parterre glissait. Enfin je trouvai la « vitrine grotesquement grosse » qu’un passant m’avait indiqué et m’arrêtai devant. J’hésitai un instant puis ouvris.

- Maria, oh ! Qu’est-ce que tu as grandi, eh, et tu dates d’il y a même avant mes rides ! et elle haussa ses sourcils pour les montrer. Viens-ici, oh ! Sois pas timide, mon petit pigeon, montre-nous ta beauté ! Elle arracha mon chapeau de la tête et le secoua vivement, arrosant le papier-peint d’une odeur de pluie. Puis, elle bondit en l’air et fit tournoyer un siège rouge élevé, dont le bas était cloué au sol. Ta famille elle est comment ?

Je répondais à la coiffeuse la tête baissée. De ce bienvenu un peu trop enthousiaste s’étaient levés tous les regards. Plusieurs cercles de lumières s’éparpillaient sur le plafond et donnaient à la sale un teint jaune pipi. Celui au-dessus de ma tête et devant la porte d’entrée clignotait. Des hommes et des femmes, la tête à moitié rasée, de l’aluminium plein les cheveux et des sourcils tatoués sur le front, avaient tous les yeux rivés sur mes cheveux d’ouvrière maintenant exposés, et discutaient, à voix basse, d’abord, puis de plus en plus fort. Ils ne parlaient pas de moi. Un a un, chacun se lassa du spectacle sur ma tête et détourna le regard. Je lui répondais encore :

- Oui, Madame. Bien, Madame.

Je me laissai tomber dans le siège de coiffure. Puis, comme possédée à nouveau par celle qui m’avait accueilli, la coiffeuse s’exclama :

- Oh, oh, oh ! Que ce sera drôle de te styler la tête ! Dans une bonne heure, tu seras la diva de cette ville.

- Oui, Madame. Mais je pensais me raccourcir seulement les cheveux, pour dix-minutes peut-être, Madame.

Tous me regardaient d’un air moqueur. J’entendais les mots « dix minutes » courir derrière moi, toujours accompagnés d’un point d’interrogation. Mme. Rohan, la coiffeuse, se pencha alors vers moi, faisant craquer son dos et me chuchota à l’oreille : « Ici, on ne fait rien à moitié, darling. » suivi d’un long rire nerveux.


Vingt minutes plutard, j’étais encore là, la tête tournée vers le plafond. Elle enfonçait ses doigts crasseux entre mes plusieurs mèches luisantes. Ça chatouillait. Elle me questionnait par rapport au propriétaire de la boutique de savons : « C’est un bon patron, oui ? », « On m’a dit qu’il traite bien ses employés. » et « Il est très aimable, pas vrai ? ». Comme je ne pouvais pas hocher de la tête, je répondais « Oui, Madame », « Bien, Madame ». Parfois, le bout de ses interminables ongles grattait involontairement le haut de mon dos. Mes muscles se contractaient, mes épaules se haussaient, ma nuque tremblait. Les frissons venaient en vague. « Il est marié ? ». C’était un courant électrique qui me taquinait à venir puis à repartir. Puis, ses doigts se retirèrent et je me mis à rire, la bouche fermée. Elle cherchait quelque crème pour engraisser mes cheveux déjà trop glissants.

- Alors ? Il a une femme ? Oui ou non ?

Je rigolais. Elle fronçait les sourcils.

- De quoi tu ris ? De moi ?

Je m’enfonçais la bouche dans la main droite pour étouffer mes rires. On me regardait. Elle, cherchait autour d’elle du regard, comme une sortie. Ses yeux se posèrent sur la fenêtre, a l’opposé de l’épaisse vitrine. Celle-ci était ouverte et baignait la salle d’un vif orange crépuscule. Comme ma crise d’hystérie ne s’effaçait toujours pas, elle prit ma tête entre ses deux mains et murmura :

- N’en parle à personne.

- Quoi, Madame ?

- Les questions.

Elle ne comprenait pas. Ce qui m’avait pris n’était pas une moquerie mais une soudaine convulsion d’anxiété. Je n’en avais rien à foutre de son nez qu’elle fourrait trop loin dans mes savons. Je riais pour ses doigts, rien que pour eux. Elle me chatouillait, sans le savoir, ses ongles me faisaient sauter. Elle était partie chercher la crème, son toucher m’avait quitté et je redoutais maintenant son retour. C’était bête. C’était incontrôlable. Terrifiée face à la chair de ses doigts, je plaquai ma tête sur la table de coiffure, faisant renverser ses dizaines de ciseaux et de tubes, et je riais. Du coin de mon regard, je vis le reste de la salle, des ronds blancs devant une salle de plus en plus sombre, tous tournés vers moi. J’imaginais, derrière moi, les passants qui me voyaient, a travers la vitrine, et qui comptaient glousser de moi, le soir même, autour d’un bon diner de famille. Je pensais aussi à la coiffeuse. La pauvre Mme. Rohan, la tête baissée, se frottait d’une crème d’odeur lavande. Ce mouvement la réconfortait.

Finalement, après m’être délibère pour de longues secondes, la main serrée, recouverte de honte, je me levai. Je ne faisais plus aucun bruit. Je fis glisser cinq francs entre les mains de ma coiffeuse, victimisée, me revêtit de mon chapeau, et sortie. « La Barbe à Papa, coiffure pour hommes et femmes » était déjà à cinq pas derrière moi, quand la porte s’ouvrit à nouveau et une femme courue derrière moi. C’était Mme. Rohan, elle venait de comprendre ce qui c’était passé :

- Mais tu es folle ! Je n’ai pas fini de te coiffer. Regarde-toi dans la flaque, ici. Elle était essoufflée. Le côté droit est cinq centimètres plus longs que le côté gauche. C’est affreux, on dirait une mauvaise perruque. Retourne que je te fixe ça… Tu me fais pitié !

Dans la vitrine, toute une poignée de mondains, ayant assistés à la scène, tapaient des pieds, croisaient les bras. Les mauvaises sensations de la boutique me revenaient : l’odeur frappante de l’eau de javel, les ampoules chaudes qui balançaient brusquement entre leurs différentes intensités, le « brrr » incessant du disjoncteur… Surtout, je n’y irais jamais pour recevoir un bon massage. Tous ces souvenirs me vidèrent le visage de sang.

- Non, Madame, j’arrangerais ça toute seule, lui dis-je.


Il ne pleuvait plus, rue 48. Les commerçants ouvraient grands leurs portes, pour laisser rentrer l’air. Un répareur d’horloges, tout haut, au troisième étage, donnait aux pas rapides des clients et des travailleurs de la rue, le rythme rapides de ses douzaines d’horloges désynchronisés. Comme il faisait sombre, tous se hâtaient pour retourner chez soi. Avant que je parte, Mme. Rohan m’avait fait part d’un morceau de papier pliée. Devant moi, elle avait rapidement gribouillé son numéro de téléphone et une invitation a diné. Elle avait froncé les sourcils et hésité, avant d’écrire en dernière phrase : « Nous discuterons des affaires ». C’était destiné à Monsieur le propriétaire de la boutique de savons. Je le lui donnerais le Lundi.

Arrivée chez moi, je couru tout de suite vers la glace de ma toilette. J’étais seule, je me sentais nue, comme exposée. L’asymétrie de ma chevelure amplifiait le reste de mes défauts. Je m’examinais de près, devant cette lueur blanche de laboratoire. Je subissais une dissection. Ma bouche semblait de travers, mon nez trop gros, et je rougissais de boutons. Je me tranchais la peau des yeux. Derrière ce masque beige que je portais, je voyais la rougeur visqueuse de mes muscles. Je m’éclaboussais le visage d’eau froide, mais cette vision ne me quittait pas.

Certains mots me revinrent, en vague. Famille, métier, se porter bien… Peu a peu, je me souvenais des questions de Mme. Rohan, et mes réponses : « Oui, Madame », « Bien, Madame », ces deux mêmes réponses, tour à tour, ainsi que les sourires beats que j’affectais, moi, qui tentais de me donner une personnalité. Je ressentais encore cette gêne qui pesait sur l’air. J’entendais encore les beaux-parleurs derrière moi, ces hommes et ces femmes de la haute-société pour qui ça paraissait si naturel. Et si j’apprenais à bien mener une conversation ?

Leurs regards, aussi me tourmentaient. A force d’y penser, je m’énervais sur leur sort. Je jurais sur leurs noms, que je les avais entendus lancés. Je m’indigner sur leur fortune, leurs rires d’hommes dont le lendemain est déjà planifié. Je m’imaginais leur emploi de temps : Natation, festin, visite de château. Mais dès que je m’emportais trop loin je revenais compulsivement sur l’image du silence qu’ils me lançaient, leurs gueules qui se fermaient soudainement et leurs regards de prédateurs.

Je me sentais encore chez elle, chez Mme. Rohan. Mon chez-moi me manquait alors que j’y étais déjà. J’étais dépassée, par un million de sensation et de sentiments soudains, quand, sans que je le sache, ma main empoigna une paire de ciseaux. Je pleurais.

D’un mouvement rapide, je coupai le reste de mes cheveux.

Wed 7/8/24


So I went to an art exhibition this Monday. The more I think about it, the more I realize how much more fulfilled my life could be if I regularly engaged with art. Not just in creating, which I already tend to do (although not with the visual arts) but also in admiring other people's work. Art, every kind of it, somehow gives me the feeling that I'm not alone, but part of something bigger, if not a simple witness of it. It's regenerating, energetic but peaceful. Obviously, I could take in the trending tab of ArtStation, and the such, every day like it's a medicine my entire existence depends on, and whenever my caffeine levels get low (I don't actually drink coffee it's a joke) I could read the Wikipedia pages of renowned painters and become some sort of art connoisseur. I know that. I'm well aware of the vast potentials of the internet, and I'm part of the first generation to live fully immersed in it, FROM BIRTH. But there's something wholly different about staring into the eyes of a fictional woman on a canvas while jazz music plays in the background. My mother nags me, she's getting bored, but I can't take my eyes of the painting. The detail, I NEED to dissect it. Yes, there's something special about it.

Now, I'm not gonna sit here typing at my computer, telling you the pixels are the devil and that the blue light is poisoning your brain. There's something you need to understand, and it's this: It's actually not about the art. At all. If I wanted to (and trust me, I don't), I could listen to the entire works of Beethoven right here, right now, with the majestic powers of the world wide web. I could also stop everything I was doing, get a good drink and food, as if I actually was at a concert. I could. I could even invite my friends to appreciate his mastery with me, but that would be going too far. In fact, anything even close to the first step would require practical obsession to achieve. The simple act of sitting down and enjoying a few classical works is such an unappealing break from the momentum of life that it would require borderline fanaticism to achieve... or being at a concert.

It's not really about the art. Replace art exhibition with public sport screening and, somewhere deep inside, it all registers as the same. Those are the special moments I jot down in my diaries, the memories. People say passive consumption is the problem, that most people are content just consuming whatever is handed down to them by the algorithm gods. And that's a problem, sure. But you could also say that whatever was going on up there between my two ears and in my heart... at that art exhibition, that theater seat, that concert, the World Cup finals and the countless times I felt the outside home was my only true home... You could say that was, in a sort of way, passive consumption too. There's something aggressive about social media. When you watch a video, do you really have time to think for yourself? Or are you simply listening to others talk, hours on end? With every fraction of a second optimized so that the viewer won't scroll past it? The density is the difference, think. I'm not sure.

There is no thesis to this in congruent block of text. You can search for it if you want. I'm sure you'll find one, somewhere. This will mean something different to each one of you imaginary little gremlins in my head. Maybe it's not the density but the messaging. Ultimately, you can look at a statement online, and may have differing views about it, but virtually everyone will understand those little words in the same way. Maybe that's why I don't get that special feeling from reading non-fiction books. Or maybe it's the people. Or the atmosphere. The change from routine? I don't know. I'm too tired to think properly. Goodnight.

Thu 1/8/24 - Sfouf Recipe.


Sfouf is a lebanese cake that I like very much. This is my grandma's recipe:

  • 4 cups of flour.
  • 2 1/2 cups of sugar.
  • 2 big spoons of powdered milk.
  • 1 small spoon of curcuma.
  • 2 small spoons of baking powder.
  • 2 cups of water.
  • 2 small spoons of anise.
  • 1 cup of vegetable oil.

Then you mix and you bake.

Next time I bake some Sfouf, I'm taking a picture of it to put here.

Wed 31/7/24 - Waterbending is Ballet but Cooler.

Yesterday is the day I created this website. I’m probably not going to work on it consistently, but, right as I’m writing this, it feels pretty empty. What you’re reading is therefore nothing more than forgettable filler. Why are you still reading?

These last few days, I’ve been watching the live-action Avatar The Last Airbender remake from Netflix. So far, is it good? Well, the dialogue can be really on-the-nose and unnecessarily prolonged, but I’m a fan of the extra lore and characterization as well as the mixing of different episodes from the original. Is it better than the animated series that aired almost 20 years ago?... probably not. But it’s not bad either.

I personally don’t like their interpretation of Aang. I find him rather obnoxious in this version: he’s always the one to explain to the audience (of mostly young adults revisiting their childhoods) the moral of the story. I also miss him goofing around, asking Katara to penguin slide with him.

The other characters are well-executed. And some aspects of the series diverge from the original in ways that are neither good, nor bad. For example, the excessive horniness in Soka’s romances... I’m sorry, but you must be blind if you couldn’t see the sexual tension between Soka and Suki in episode two’s “training” montage. I mean, the girl spent a whole ten seconds straddled on Soka crotch, panting like a dog and staring into his eyes. Don’t tell me!

Even in other moments, and with the northern-princess-whose-name-I-always-forget, the air is filled with (non-sexual-)teenage hormones. Some might get sick of it, and the awkwardness might put some people off, but I see it as cute. It reminds me of my own social and romantic failures and... [DEPRESSION INCOMING].

Anyways, what I’m talking about probably did exist in the original, and were blocked out by my innocent momeries, but I’m pretty sure it’s more exaggerated here.

But then there’s Zuko and his whole “capture the Avatar” thing. I can’t imagine what kind of psychotic person would seriously watch the series and not root for Zuko. As wrong as it feels to secretly wish for the kidnapping of a twelve year-old, it also feels...right? Not because it’s the moral thing to do but because Zuko is a lovable character. It’s like being a criminal’s mother. That, in itself tears the viewer apart. They love the Gaang and want the fire nation to fail, but they also love Zuko, Prince and Rightful Heir of the Fire Nation. Add to that our hatred of Zhao and, by association, the fire nation, and that leads to the one conclusion that makes sense: Zuko will switch sides, lest the viewer be irreparably disappointed. Someone has to win.

Also, I got pretty sentimental at the “Division 41” backstory.

Now, to my other point, the length. Series with long episodes aren’t essentially bad, but most don’t make good use of their allotted time, I feel. It’s not that bad with Avatar and I’ve definitely seen worse [traumatic flashbacks]. Listen, if they could cut down the length of the episodes by 15%, if only! I think it would force the writers to be more careful with the time they do have. While watching, I would literally fantasize about booting up the series in an editing software and cutting it down into smaller pieces.

All in all, the series is not bad. I’d even say it’s comparable to Avatar The Legend Of Kora (if you forget the headache-inducing love triangles in Kora), quality and enjoyment-wise. The first two episodes were bad, in my opinion, but after that, it picked up the pace and I started actually liking it.